De l'utilité des crises

15 octobre 2017 - 15x
 
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Claire Bernole
 
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J’aime l’imprévu dans ce qu’il peut avoir d’amusant, de nouveau, d’excitant. J’aime quand la précision de mon agenda est bousculée pour une bonne cause. J’aime marcher, comme le chante Joe Dassin, « le cœur ouvert à l’inconnu ». Surtout si cet inconnu est élégant, beau et aimable, avec de bonnes manières. Mais il arrive aussi que l’imprévu soit une catastrophe. Qu’à l’effervescence de la surprise se substituent la panique et la détresse. De fait, peu d’entre nous pourront dire, à la fin de leur vie, qu’ils ont traversé l’existence en se promenant les mains dans les poches. Pour autant, il n’existe pas de formation, pas de diplôme en management face aux aléas et aux drames existentiels. La vie se charge elle-même de nous faire passer par les rangs de son école, de nous transformer en gestionnaires de crise « sur le tas ».

Comme dans tous les métiers, chaque professionnel a ses méthodes, qu’il amende au fur et à mesure des expériences. Personnellement, j’ai appris qu’accueillir ce qui arrive est une manière de ne pas se laisser détruire, dévorer par l’adversité. L’acception, si souvent assimilée à une résignation, à la soumission à la fatalité, est à mes yeux un pont vers un avenir encore possible quand le miracle attendu n’a pas eu lieu, quand le deuil est irréversible, quand la tragédie l’emporte sur l’espoir. Avec Christiane Singer, j’ai acquis la certitude que « les catastrophes ne sont là que pour nous éviter le pire ». Ce sont ses mots à elle, morte d’un cancer foudroyant à l’âge de 64 ans.

Dans un monde où la vitesse avec laquelle s’enchaînent les événements peut éventuellement nous faire effleurer une certaine intensité de la vie, la profondeur de l’existence risque de nous rester inaccessible, aveugles que nous sommes à ce qui n’émerge pas directement sous nos yeux. La densité, le sens et donc une forme de vérité demeurent inatteignables, jusqu’à ce qu’une tuile ou même un parpaing nous assomme, nous oblige à nous asseoir, place sous nos yeux la vie et la mort et nous interroge sur le monde que nous voulons, la personne que nous voulons être, les ressources et les moyens que nous sommes prêts à mobiliser pour autant que nous voulions bien endosser la marge de liberté qui subsiste.

La catastrophe peut nous faire rester sous la couette pendant les longs jours d’un mal silencieux. Loin de moi l’idée de juger une attitude qui peut être la mienne. Elle peut aussi nous transformer, faire émerger de notre gourbi intérieur un moi nouveau, qui nous étonne par sa capacité à remailler le tissu vivant au-delà des cicatrices. Christiane Singer parlait d’éviter le pire. Un pire dont chacun donnera sa définition. Pour elle, c’était très clair : « Et y a-t-il pire que d’avoir traversé la vie sans houle et sans naufrage, d’être resté à la surface des choses, d’avoir dansé toute sa vie au bal des ombres ? », demande-t-elle dans son ouvrage Du bon usage des crises. Comme si les crises avaient une utilité. Plus encore, comme si elles avaient une bonne ou une mauvaise utilité selon la façon de les aborder.

Certains chrétiens ont coutume de voir dans l’adversité l’épreuve que Dieu leur envoie pour leur être utile. Personnellement, je ne crois pas que Dieu nous fasse du mal en vue de nous faire du bien. Mais grâce à lui, grâce à la force que donne la foi, le chrétien peut trouver l’utilité d’une crise qui n’a pas de sens en elle-même. En soi, cela est déjà un miracle.
 
 
 

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