Pour franchir le Grand Canyon

12 février 2017 - 18x
 
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Claire Bernole
 
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Pour franchir le Grand Canyon

Sur son lit de souffrance, un ami chrétien, âgé et atteint gravement de plusieurs maladies, me chuchote : « Je m’accroche parce que tu es là ». C’est vrai qu’avec ses enfants, ses quatre enfants, la fracture relationnelle est comme un autre Grand Canyon. Impossible de construire un pont entre deux bords aussi éloignés. Mais l’heure n’est-elle pas venue de tout tenter ? Dans ces moments, l’extrémité de la situation agit comme une loupe et l’essentiel apparaît tout de suite en gros plan : ne pas partir sans avoir au moins essayé de jeter une corde tyrolienne en travers de ce vide, au-dessus des décombres de notre vie.

Mais ce désir ne semble jamais qu’être le mien. Plus le temps passe et plus mon ami semble préférer croire que rien n’est possible, que tout a de toute façon été fait et que si la situation ne s’arrange pas, c’est parce que l’autre partie ne veut pas briser le silence. Je voudrais le convaincre, lui pourtant rassasié de jours et qui connaît les détours de l’existence mieux que personne, que ce Dieu qui libère peut aussi être le sien. Que ce Dieu qui guérit peut aussi guérir la fracture. Que ce Dieu qui fait des miracles peut aussi rapprocher les bords de son Grand Canyon. Que ce Dieu qui pardonne peut aussi pardonner sa violence et son silence. Que ce Dieu qui accueille peut aussi lui ouvrir les bras. Mais que rien de tout cela ne peut se réaliser tant qu’il n’entend pas la foi lui dire que c’est possible.

Je comprends qu’il est des expériences non transposables. Si j’ai pu vivre de véritables libérations grâce à Dieu, je ne peux forcer qui que ce soit à faire de même. Accepter l’autre dans sa réticence me place dans une position qui m’attriste. Cela me montre aussi combien croire est un parti pris, presque un numéro sur lequel on mise parce qu’on est sûr qu’il va sortir. On le croit, on le « sent », mais on ne peut jamais le savoir. Et comme on ne peut jamais le savoir, alors croire résulte d’un choix. On confond trop souvent la foi avec la certitude que nous apporte une assurance vie. J’ai donc choisi de croire, ce qui implique un art de vivre fait de lignes de crête et d’équilibres jamais définitifs, d’avancées et de progression mais pas d’aboutissement.

Certes, je l’ai dit, je ne peux pas transposer mon expérience avec Dieu dans la vie des autres, surtout si ces derniers ont choisi de s’accrocher à d’autres espoirs. Néanmoins, je peux continuer à choisir de croire à l’impossible. Mon ami malade a peut-être trop de peine à reconnaître l’absence de lien entre ses enfants et lui, trop de difficulté à regarder en face les causes et pas assez de force pour se lancer dans un grand déblayage coûteux. Mais rien ne m’empêche, moi, de croire que ce pont peut encore être construit. Je peux y croire jusqu’à la dernière minute car « [m]oi je connais les projets que j’ai conçus en votre faveur, déclare l’Eternel : ce sont des projets de paix et non de malheur, afin de vous assurer un avenir plein d’espérance » (Jérémie 29.11).

Bien sûr, nous avons tous besoin de nous accrocher à quelque chose. J’ai choisi de m’accrocher à cette phrase, prononcée par Dieu dans le livre de Jérémie (dans la Bible), qui résonne en moi comme une promesse.
 
 
 

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