Du consentement

26 novembre 2017 - 17x
 
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Claire Bernole
 
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« Qui ne dit mot consent. » La sagesse populaire, qui peut se targuer d’avoir souvent raison, est en l’occurrence démentie par l’actualité qui a mis sur le devant de la scène médiatique : témoignages de femmes victimes de harcèlement et mesures gouvernementales pour lutter contre les violences faites aux femmes. Les expériences dont vous avez sans doute, comme moi, entendu le récit montrent que non : qui ne dit mot ne consent pas forcément. Il est des cas où le silence est un symptôme supplémentaire de la peur et de la stupeur qui envahissent les victimes d’abus. Dans le même temps, une fois de plus, cette réflexion nous renvoie à la force de la parole, qui sort les personnes abusées de leur statut de victimes.

Mais c’est moins de la valeur et du poids mots dont je veux parler, que de la notion de consentement. Jusqu’où quelqu’un doit-il résister et se battre pour démontrer qu’il ne consent pas ? Dans quelle mesure rendre les armes est-il synonyme d’un consentement libre et volontaire et non de l’usure, sous la pression ? Une loi à venir est censée déterminer un âge en-deçà duquel il deviendra impossible d’invoquer le consentement d’une personne pour justifier d’une relation sexuelle avec elle. Si la sexualité est un domaine où le non consentement peut prendre une tournure dramatique, c’est loin d’être le seul terrain sur lequel s’expriment – parfois à mots couverts – les rapports de force.

Il me semble que poser la question du consentement, c’est poser la question du temps. Si je suis prêt à lui laisser le temps de me donner sa réponse, je n’ai pas besoin de me demander si l’autre consent ou pas à ce que je lui propose. Sauf à faire face à une personne manipulatrice, qui envoie des messages contradictoires, ou à quelqu’un de pathologiquement indécis dont le discours est par définition confus, je n’ai pas de raison fondamentale de me tromper sur les dispositions de mon interlocuteur.

Mais si je suis taraudée par mon urgence personnelle, dominée par mon désir impérieux ou mon impatience, je ne puis que me soulager en reportant la pression sur l’autre. J’ai donc besoin d’une réponse de sa part et, soucieuse que cette réponse ne me fasse pas trop attendre, j’use de tous les arguments. C’est ainsi, pour reprendre une image de Balzac, le célèbre écrivain, qu’on finit par arracher des mains de quelqu’un ce qu’il était tout prêt à nous donner. Les limites se brouillent et nous profitons de l’opportunité pour saisir ce qui nous convient.

Dans la Bible, je me suis souvent demandé ce que Jésus avait bien pu dire à Pierre ou à Matthieu, par exemple, pour qu’ils acceptent de tout lâcher et de le suivre, comme instantanément. Les raisons ne sont jamais explicitées. Pour autant, l’adhésion des disciples est si pleine et entière qu’elle témoigne à mes yeux d’une détermination libre et personnelle à marcher avec leur maître.

Les chrétiens évoquent souvent l’urgence de confesser sa foi en Dieu. Qui sait de quoi demain sera fait ? Et c’est vrai. Pourtant, Jésus nous laisse le temps du consentement. S’il nous appelle, il ne nous tire pas incessamment par la manche. Il sait que la profondeur et la durée de notre engagement reposent, en partie, sur la qualité du consentement de départ. Accordons aux autres ce qu’il nous accorde dans notre relation avec lui.
 
 
 

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