Nature ou culture, telle est la question?

11 février 2018 - 15x
 
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Claire Bernole
 
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L’Union européenne a finalement décidé l’interdiction de la pêche par impulsion électrique. Les marins néerlandais étaient – depuis 2006 et jusqu’au mois dernier – les seuls à utiliser cette méthode. Il était question d’élargir l’expérimentation à tous les pays d’Europe mais c’est en sens inverse que l’UE a tranché. Désormais, aucun pêcheur ne pourra plus avoir recours aux filets électrifiés.

Le procédé était d’une efficacité trop redoutable, du genre à garantir le pactole à tous les coups ! Non seulement cela a créé pendant des années une situation de concurrence déloyale entre pêcheurs, ceux qui utilisaient ces filets et les autres, mais les ressources naturelles ont été maintenues sous pression. En outre, et cet argument est sans doute celui qui a convaincu Bruxelles, les poissons pêchés grâce à cette technique étaient souvent abîmés : selon une étude réalisée par les Pays Bas, 50 à 70 % des cabillauds, par exemple, avaient des blessures telles que des fractures de la colonne vertébrale. On a donc préféré renoncer à une innovation, que des ingénieurs s’étaient pourtant donné la peine de concevoir.

Inventer des techniques et les améliorer sans cesse pour rendre possible, simplifier ou rentabiliser des process, c’est un propre de l’être humain. Et il est rare que ce dernier renonce aux avantages immédiats que lui offre ce qu’il est capable de concevoir au profit d’une vue à long terme. Le désir de pousser ses connaissances ou la technologie le plus loin possible, de se montrer capable de lever tous les obstacles ou tout bonnement la curiosité sont de puissants moteurs. Lorsque l’humain recule devant l’usage d’une de ses inventions ou devant l’application d’une de ses nouvelles technologies, on peut s’étonner… Mais il est bon de savoir qu’il est éventuellement capable de renoncer.
Être en mesure d’intervenir sur la nature et, en même temps, d’envisager de retenir son propre geste, c’est un peu partager quelque chose de l’ordre du divin : le dilemme d’un Dieu qui peut tout mais ne veut pas tout. Et nous, quel monde, quelle société désirons-nous ? Dans quelle mesure ne sommes-nous pas aveuglés par l’illusion de notre toute-puissance, tels des enfants qui n’écoutent que leur envie ? Une catastrophe naturelle nous rappelle alors à notre humble rang de créature. Une créature qui a toute sa place dans la nature – et peut même la façonner pour et par son mode de vie, sa culture – mais qui n’en est pas le maître. Seulement une sorte de régisseur. Certains estimeront peut-être ce rôle dévalorisant. Pour ma part, je le trouve à ma mesure : je me sens décisionnaire, partie prenante de ce qui me concerne, mais aussi responsable et appelée à rester modeste.

C’est dans cette tension que s’inscrivent les débats actuels autour des lois de bioéthique. Entre le possible et le souhaitable, le présent et l’avenir, sans parler de tout ce que nous ne pouvons ni savoir ni prédire, espérons que médecins, chercheurs, éthiciens influenceront les meilleurs choix politiques. C’est encore dans cette tension que doit se poursuivre l’engagement pour lutter contre le réchauffement climatique. Décidément, notre rapport à la nature contribue fortement à déterminer notre qualité de vie et celle des générations futures !
 
 
 

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