Histoire d’une deuxième chance
05 février 2017 - 15x
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Florence, palazzo Vecchio. Nous sommes au début du XVIe siècle. Les deux plus grands artistes de l’époque ont été sollicités par le gouvernement florentin pour décorer la salle des Cinq-cents. C’est ainsi que Michel-Ange et Léonard de Vinci se font face. Ce dernier, jugeant devant les exemples laissés par l’Antiquité romaine que la fresque est la meilleure technique pour qu’une œuvre traverse les siècles, décide de s’y essayer. Malgré toute sa science et son génie, rien ne va se passer comme prévu ! Après une tentative réussie dans son atelier, Léonard de Vinci attaque le chantier artistique de la salle des Cinq-cents et, dernière étape de ce gigantesque travail, allume un feu pour sécher la fresque. Un désastre ! Tout dégouline en un pathétique lavis...
Il n’est plus rien resté de ce travail de Léonard de Vinci, si ce n’est le témoignage qu’en a rendu Rubens à travers la copie des dessins préparatoires du maître. Devant cet échec retentissant, si cuisant pour son amour propre, et ce même si sa réputation artistique le précède, Léonard de Vinci, qui à cette époque n’est plus un jeune premier, aurait pu jeter ses pinceaux. Il n’en fit rien et c’est tant mieux.
A l’image de cette histoire, beaucoup d’hommes et de femmes qui ont marqué l’histoire ont fait face à l’échec à un moment donné. Si Louis Pasteur avait renoncé à ses recherches au premier obstacle survenu, il n’aurait sans doute jamais découvert le vaccin contre la rage. Que dire des pionniers de l’aviation qui, par définition, ont construit sur des échecs ? La persévérance a été leur meilleure alliée. Malheureusement, fort d’une éthique de la réussite à tout prix, très à la mode, c’est parfois à nos propres yeux que l’échec est le plus dur à surmonter. Qui peut alors réhabiliter l’espoir déçu ? la confiance en soi ? la dignité ?
La Bible est pleine de personnages qui ont su repartir, rebondir, faire acte de résilience après un échec ou un traumatisme. J’aimerais prendre l’exemple de Paul, dont la vie remarquable a été remplie de voyages, de miracles, de menaces de mort aussi… Sa conversion en est l’étape charnière. Avant cela, Paul est un persécuteur de l’Eglise, un persécuteur de chrétiens connu pour son zèle à poursuivre ceux qui confessent Jésus comme le Messie.
Dieu décide pourtant de s’adresser directement à cet homme, alors qu’il est en route pour la ville de Damas. Pourquoi ? Ne se trouve-t-il aucun autre homme en Palestine susceptible de répondre à l’appel de Dieu pour prêcher la Bonne Nouvelle ? Dieu n’a-t-il pas de meilleure idée que d’aller chercher un de ses adversaires les plus acharnés ? A ce stade du récit – nous ne savons pas encore que Paul deviendra un apôtre dont les enseignements feront partie de la Bible – ces questions semblent légitimes mais Dieu dévoile là son caractère.
D’une part, aucune distance ne semble assez grande que Dieu ne puisse parcourir pour venir nous chercher, nous tirer de nos combats et nous guérir de nos erreurs. Ici, il s’adresse à un persécuteur de l’Eglise et il lui envoie même un signal fort : Paul passera trois jours dans le noir complet (sans manger et sans boire). Une cécité provisoire dont la guérison s’accompagnera d’un éclairage spirituel, d’une ouverture du cœur. Dieu s’adresse à nous de la façon la plus adéquate et ne nous enferme jamais dans la voie que nous avons choisie, fut-elle une impasse.