Réponses sans questions
10 décembre 2017 - 28x
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On peut lire la Bible de mille manières. Je ne parle pas des interprétations que nous pouvons en faire mais de la place qu’on lui donne dans notre réflexion. Une question me paraît, à ce sujet, essentielle : le texte est-il le point de départ de ma réflexion ou ai-je déjà nourri une pensée qui me fait aboutir au texte ? Il me semble que le va-et-vient entre ces deux positions est le gage d’une approche vivante de ce que les chrétiens considèrent comme la parole de Dieu.
Dans le cas où je prends le texte comme point de départ, il m’éclaire, il me montre une voie – sans pour autant me dévoiler ce qui est au bout. Il murmure à mon oreille que c’est dans telle direction que je trouverai ce dont j’ai besoin. Dans l’autre cas de figure, j’ai déjà vu, vécu, perçu, pensé… et ce faisceau de considérations peut pointer vers un texte en particulier qui sera une clé de lecture de la situation. Mais le danger est de chercher dans la Bible la confirmation de ce que j’ai déjà mis en place, bien au fond de moi...
De fait, il est des solutions que je crois détenir parce que je sais déjà ce qu’il faut en penser. Je l’ai appris à l’église, mes parents me l’ont enseigné ou je l’ai entendu de la bouche de mon pasteur. Pourquoi prendre la peine d’examiner une question quand on a déjà la réponse ? Tel est le défaut des certitudes : elles rompent le mouvement de la vie pour nous offrir une assurance. Nous sommes soulagés de savoir d’avance quoi penser et donc comment réagir. Inutile de se laisser interpeler ! Je dirais même plus : avoir déjà la solution avant même que la question ne se présente, n’est-ce pas la garantie de ne jamais se tromper ?
Quelques vérités bien campées en moi peuvent me donner un sentiment protecteur. Mais pour que ce sentiment dure, il implique de cesser de s’interroger, de se fermer à d’éventuelles remises en cause et d’entretenir un rempart hermétique au mouvement perpétuel de l’existence. A l’inverse de cette attitude, on peut considérer que les réponses se trouvent chemin faisant et que, chemin faisant, elles peuvent évoluer, s’affiner, changer et me changer parce que je ne les possède pas. Voilà une chose qui me rassure vraiment : la possibilité, le droit de changer, d’être transformé et de transformer mon regard. Car c’est bien une parole de vie pour la vie. Or, par définition, la vie est mouvement.
Certains seront tentés de prédire qu’une telle approche ne peut que semer trouble et doute. Personnellement, elle m’a permis d’expérimenter la cohérence de cette parole qui me vient de Dieu. J’ai constaté sa résistance à l’épreuve des questions existentielles. Et si j’ai parfois changé d’avis, cela m’a permis de mieux connaître Dieu. Je crois que le chemin en vaut la peine !