Le pouvoir de l'acceptation
15 janvier 2017 - 59x
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Vous avez peut-être déjà entendu cette phrase : il faut avoir le courage de changer ce qui peut l’être mais aussi celui d’accepter ce qui ne peut pas être changé. Aussi juste que soit ce proverbe, il n’a pas fait de l’acceptation un concept très attrayant. Accepter de travailler avec un collègue qui n’est pas fiable, de vivre avec un conjoint maniaque ou de voir ses enfants faire d’autres choix que ceux qu’on auraient voulu qu’ils fassent… Cela n’a rien d’agréable. Et puis il faut parfois savoir s’indigner, refuser, dire ce qu’on pense ! Mais combattre en nourrissant le rapport de force, en s’employant à changer l’autre ou en se révoltant contre l’existence, c’est toujours perdre beaucoup de temps et d’énergie au profit d’un résultat incertain.
L’acceptation offre une troisième voie, qui n’est pas une voie médiane entre la bataille et la soumission. Il s’agit bien d’une alternative supplémentaire à part entière. Au début, cette voie peut paraître obstruée par toutes les bonnes raisons que nous avons de trouver notre situation de souffrance, de deuil, de maladie, de solitude, de séparation… injuste et révoltante. Mais pour vivre malgré tout, c’est celle qui finit par s’imposer. Ca ne veut pas dire que tout va bien. Ca ne veut pas dire qu’on renonce à un « mieux » à venir. Ca ne veut pas dire non plus qu’on met son ressenti au fond de sa poche et son mouchoir par dessus. En acceptant une situation, nous nous saisissons simplement du pouvoir de construire quand même.
Comme pour le fabuleux château de Louis II de Bavière. Son architecture a dû épouser les écorchures de la montagne, l’étroitesse de sa crête et la ligne torturée de son éperon rocheux. C’est ainsi, en composant avec un relief mille fois tourmenté, qu’a pu naître cet édifice d’une harmonieuse asymétrie, absolument unique en son genre. Ce château a d’ailleurs fait rêver Walt Disney, qui s’en est inspiré. Et si l’expérience était transposable à nos vies ? Pourrions-nous, par l’acceptation, sculpter notre existence en lui donnant un mouvement original, imprévu ?
Trop souvent nous nous laissons aveugler par notre orgueil, qui s’attache à nous convaincre que ce n’est qu’en bataillant qu’on obtient gain de cause. Pourtant, une autre victoire est possible. Moins triomphante que si nous pouvions définitivement clore le bec à ce voisin qui nous agace ou rafler tout ce qu’il reste sur le compte commun avant de divorcer, mais néanmoins une victoire satisfaisante. Un victoire plus paisible, plus juste, vidée d’amertume et d’orgueil, qui implique un mode relationnel durable.
Au cours de sa vie, le Christ a accepté de nombreuses injustices le concernant ; il a accepté qu’on dise du mal de lui, qu’on veuille le faire souffrir, qu’on cherche à l’humilier… Cela ne l’a pas empêché d’aller au bout du projet pour lequel il était venu sur terre et de réaliser des exploits. Je ne parle pas des miracles mais je pense à la femme adultère qu’il a réhabilitée, aux manipulateurs qu’il a remis à leur place, aux barrières sociales dont il s’est affranchi pour manifester de l’amour à tous. Il a suivi sa ligne, indépendamment des circonstances. Son exemple nous donne un aperçu de ce que peut accomplir le pouvoir de l’acception.