Une de perdue, 100 de retrouvées
07 octobre 2018 - 22x
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La parabole du berger qui laisse ses 99 brebis pour aller chercher celle qui manque m’a toujours paru incompréhensible du point de vue stratégique. D’abord pour une question évidente de proportion : 1 pour 99, le ratio est plus qu’inégal ! Ensuite à cause du rapport bénéfices/risques. Le berger peut chercher sa brebis longtemps ! Sans compter qu’un tas de dangers le guettent dans ce désert qui sert de décor à l’histoire… Je pense aussi à tout ce qui peut arriver au troupeau laissé seul pendant ce temps-là. Et puis, et puis… ce n’est pas tout de trouver cette brebis – et encore, si on la trouve ! Qui sait dans quel état elle sera ? Le berger, lui, ne se pose pas toutes ces questions et ne procède pas à un tri sélectif entre ceux qui valent la peine et les autres.
Une deuxième chose me frappe, dans cette parabole, c’est la présence d’une joie semble-t-il intense qui s’exprime à deux reprises. Premièrement, c’est le sentiment du domine quand le berger retrouve sa brebis. Puis de retour chez lui, il invite ses amis et ses voisins à faire la fête : « Réjouissez-vous », leur dit-il ! Mais qui n’est pas plutôt énervé d’attendre quelqu’un qui n’a pas suivi la bonne route ? Qui accueille avec une joie pure celui qui a fugué de la maison pour vivre sa vie ? Cette joie du berger n’est pas une évidence, elle découle d’une certaine disposition du cœur. Notre envie de sermonner est souvent plus forte – sans doute parce que cela nous rassure d’avoir dit « ce qu’il fallait dire », en quelque sorte. Rien de tel chez le berger ! Il prend la brebis retrouvée et la porte sur ses épaules pour rentrer au bercail. Pas de leçon, pas de question, pas de sanction.
Jésus conclut en disant qu’il y a plus de joie dans le ciel pour un pécheur qui se repend que pour ceux qui ont marché toute leur vie dans le droit chemin. Comment est-ce possible ? Une nouvelle si injuste ne peut réjouir que les aspirants délinquants ! Le Christ renverse bel et bien nos valeurs humaines et nos échelles de référence. Ceux qui sont les plus éloignés du troupeau, ceux qui ont vécu en contradiction avec tous les bons principes, ceux qui ont voulu prendre le large pour être libres, mener leur vie selon leur bon plaisir sans tenir compte des autres, sont ceux qui ont le plus d’importance aux yeux de Dieu.
Dans les années 80, un pilote de course de moto moyen, Randy Mamola, a marqué l’histoire lors d’un grand prix. Alors qu’il perd le contrôle de sa moto à la sortie d’un virage, tout le monde le croit perdu. Dans un mouvement de voltige digne d’un grand gymnaste, il reconquiert son équilibre sans réussir à se remettre en selle et termine hors circuit en courant à côté de sa moto tout en freinant. La caméra braquée sur lui nous fait oublier les autres coureurs restés en piste et parmi lesquels se trouve le champion du jour. Mais c’est Randy Mamola qui hypnotise le public ce jour-là. Les spectateurs recommencent enfin à respirer une fois le bolide à l’arrêt, avec son pilote en seul morceau.
Il y a un peu de cette joie et de ce soulagement devant le retour extraordinaire de la brebis perdue. Une joie qui se partage et qui se vit avec les autres. Au final, personne n’est lésé avec le Christ !
Vous pouvez retrouver cette parabole de la brebis perdue dans Luc 15.1-7