Gospel 3 - Amazing Grace

10 mars 2022 - 296x
 
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Aujourd’hui, pour cette chronique musicale, après avoir assez longuement parlé de ses origines, de son histoire et de son évolution, nous arrivons au troisième volet de notre thématique gospel.
Sans doute l’une des chansons les plus enregistrées au monde, cet hymne spirituel est à l’origine l’œuvre autobiographique d’un marin esclavagiste extrêmement grossier.
Voici l’histoire d’« Amazing Grace », prière devenue hymne de rédemption et de salut par la grâce mondialement connu.

D’abord un hymne religieux et mémoriel anglais, « Amazing Grace » est aujourd’hui un cantique incontournable du répertoire américain.
La chanson figure parmi les plus enregistrées de l’histoire de la musique et sera même interprétée par des célébrités telles qu’Elvis, Aretha Franklin, Ray Charles, Johnny Cash, Willie Nelson, Whitney Houston, et Céline Dion mais aussi Jessye Norman ou encore les trois ténors : Plácido Domingo, José Carreras et Luciano Pavarotti.

Comme de nombreux hymnes américains, les origines d’Amazing Grace se trouvent en territoire britannique. Ecrit à la fin du XVIIIe siècle, le texte est l’œuvre du poète et pasteur anglais John Newton, né en 1725 et décédé en 1807.
D’abord soldat dans la marine, il rejoint ensuite un navire esclavagiste en Sierra Leone puis un autre navire nommé le « Greyhound » en direction de l’Angleterre. Le 10 mars 1748, un violent orage laisse le navire à la merci de la mer. Après un mois à la dérive, celui-ci arrive par miracle en Irlande. Un mois dans de telles conditions, c’est extrêmement long !

Sain et sauf, John Newton, jusqu’alors redoutablement grossier et peu avare en blasphèmes, est désormais un homme changé, reconnaissant que Dieu accepte de sauver un misérable comme lui. Une prise de conscience qui ne l'empêche cependant pas de rester négrier pendant six ans avant de s’installer à Liverpool. Mais la transformation va continuer d’opérer…

En 1764, il devient pasteur évangéliste d’Olney, un beau village tout vallonné où j'ai eu l'occasion de passer un magnifique et mémorable week-end, qui se trouve à une grosse heure de route au nord de Londres.
Olney avec également son musée consacré à John Newton.

C’est là que Newton écrit des hymnes pour sa congrégation, dont « Amazing Grace » pour son sermon du 1er janvier 1773.
D’abord intitulé « Faith's review and expectation », en français : « Examen et attentes de la foi », le texte autobiographique parle de la rédemption et du salut de John Newton, tout en s’inspirant d’idées et de phrases du Nouveau Testament :

Grâce étonnante, au son si doux, qui sauva le misérable que j'étais ;
J'étais perdu mais je suis retrouvé. J'étais aveugle, maintenant je vois.
C'est la grâce qui a soulagé mes craintes.
Que cette grâce fût précieuse à l'heure où pour la première fois j'ai cru.

J'ai traversé de nombreux dangers, pièges et labeurs.
C'est le pardon qui m'a mis à l'abri et c’est lui qui me guide.
Que ce pardon fût précieux, ce moment où j'ai commencé à avoir la foi.
C'est la grâce qui m'a protégé jusqu'ici, et cette grâce me mènera à bon port.
Le Seigneur m'a fait une promesse. Sa parole affermit mon espoir.

Et le dernier couplet se termine ainsi :
Il sera mon bouclier et mon partage, tant que durera ma vie.
Oui, quand cette chair et ce cœur auront péri et que la vie mortelle aura cessé, je posséderai, dans l'au-delà, une vie de joie et de paix.
La Terre fondra bientôt comme de la neige, le Soleil cessera de briller, Mais Dieu, qui m'a appelé ici-bas, sera toujours avec moi.

En 1779, John Newton publie avec William Cowper, également poète et auteur d’hymnes, un recueil intitulé : Olney Hymnes, dans lequel figure « Amazing Grace ».


Partisan de la rédemption, John Newton dénonce publiquement en 1788 la traite des esclaves. Il aidera et encouragera également l’homme politique britannique William Wilberforce à lutter contre l’esclavagisme, menant à son interdiction en 1833 et une entrée en vigueur l’année suivante.
Peu avant sa mort, la même année, John Newton proclamera : « Ma mémoire est presque entièrement partie, mais je me souviens de deux choses : je suis un grand pêcheur, et Christ est un grand Sauveur. »

Le recueil de Newton & Cowper est un grand succès, publié en grande quantité en Angleterre mais également aux Etats-Unis. Alors en plein mouvement de ce que l’on appellera « The second great awakening », une série de réveils spirituels protestants entre les XVIIIe et XIXe siècles, les hymnes religieux venus d’Angleterre sont chaleureusement reçus.

Mais si « Amazing Grace » est massivement diffusé aux Etats-Unis, ce dernier est publié sans accompagnement musical. En effet, les hymnes furent classés par mètre poétique, permettant de choisir une mélodie appropriée et interchangeable selon le mètre des paroles. Pas facile de s’y retrouver là-dedans mais ce qu’il faut retenir, c’est qu’à cause de cela, au début du XIXe siècle, l’hymne fut chanté avec plus de 20 mélodies différentes.
(En poésie, le mètre est la structure rythmique de base d'un vers ou de lignes en vers)

En fait, c'est par un concours de circonstances que la mélodie aujourd’hui indissociable d’« Amazing Grace » est associée à l’hymne. Amalgame de deux autres thèmes d’origines britanniques intitulés Gallaher et Santa Mary, la mélodie est d’abord associée à un autre hymne, « Arise, my soul, my joyful powers », dans le recueil intitulé The Columbian Harmony de 1829. Mais ce n’est qu’en 1835 que la mélodie, désormais intitulée New Britain, est associée au texte de John Newton lorsque le chef de chant américain William Walker publie le recueil The Southern Harmony avec l’hymne « Amazing Grace » désormais fixé.

Hymne pacifique, l'air accompagnera les mouvements des années 1960 et 70, notamment pour les droits civiques afro-américain et les nombreuses manifestations contre la guerre du Vietnam.
En 1969, après avoir chanté l’hymne pour calmer les tensions élevées lors d’une manifestation anti militaire, la chanteuse américaine Judy Collins décide de l'enregistrer. De l’autre côté de l’Atlantique, la reprise de Judy Collins inspire l’orchestre militaire du régiment écossais : The Royal Scots Dragoon Guards qui l'enregistre à la cornemuse en 1971.

Plus récemment, en 2015, une fusillade a lieu dans une église méthodiste noire à Charleston, lors de laquelle neuf personnes sont tuées, dont la membre du Sénat : Clementa Pinckney. Lors de son éloge funèbre, le président Barack Obama se met à chanter l’hymne poignant, baume musical pour une communauté en deuil :

Et lorsque le monde entier se voit confiné au printemps 2020, en réponse à la pandémie de Covid-19, Judy Collins, encore elle, reprend l’hymne avec un chœur virtuel composé de chanteuses et chanteurs du monde entier, une façon de rassembler les gens, malgré les distanciations physiques imposées, grâce à la puissance émotionnelle que dégage « Amazing Grace » 

Voilà ce que je pouvais dire de cet hymne devenu international ! La semaine prochaine, nous passerons un peu de temps avec Andrae Crouch, une des figures incontournables du gospel contemporain, une de ces grandes familles du gospel qui comptent en son sein toute une pléiade d’autres artistes de talent.

Ensemble - Grâce infinie (Acapella)

https://youtu.be/ph2UJ-eRqUw

(Tabitha Lemaire - Jean-Daniel Labrie de Axe21 - Marielly Juarez - Sébastien Corn - Jade et Joseph - Catherine Ouimet - Etienne-Joseph Charles - Ando Rasoamanana)

D'où vient la chanson Amazing Grace ?

https://youtu.be/GNg03qGlqE4


 
 
 

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